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Une mode traçable et transparente, ça signifie quoi?

La transparence signifie une divulgation publique de données et d’informations crédibles, complètes sur les marques et leurs chaînes d’approvisionnement. Cela signifie avoir des information détaillées sur les pratiques commerciales ainsi que sur les impacts de ces pratiques sur les travailleurs, les communautés environnantes et l’environnement. Une plus grande transparence dans l’industrie de la mode signifie divulguer et rendre publique des relations avec les fournisseurs. Cela signifie aussi dévoiler les politiques et procédures sociale et environnementale des entreprises, de leurs buts et objectives, de leurs performances et de leurs progrès.

La transparence ne consiste pas seulement à partager les bonnes histoires.

La transparence n’est pas synonyme de storytelling ou de marketing. Le but n’est pas divulguer que les fournisseurs conformes et performants. Il s’agit de présenter un tableau complet de la chaîne d’approvisionnement. L’idée de c’est de présenter la situation telle que est actuellement. Avec des forces et des faiblesses. Rendre public cette information, peut permettre de faire un examen plus approfondi et d’aider à accélérer les processus d’amélioration.

Ce type de transparence exige que les marques et les détaillants sachent exactement qui fabrique les produits qu’ils vendent.

Ce n’est pas toujours le cas dans l’industrie de la mode. Parfois certaines marques ignorent quelles sont les entreprises qui fabriquent les vêtements qu’elles commercialisent. (J’en parle d’ailleurs dans cet article : Pour plus de transparence dans l’industrie de la mode).

Ainsi pour être capable d’être transparent, il faut être capable d’affirmer qui a cousu ce vêtement, jusqu’à celui qui a teint le tissu en passant par celui qui a cultivé le coton.

Et, ce qui est crucial, c’est que les marques soient en mesure de retracer le parcours de leurs produits, de la commercialisation, jusqu’au stade de la matière première.

Il est important que cette information puisse être accessible publiquement. L’accès à l’information constitue également   un petit  pas vers une plus grande transparence et une plus grande responsabilisation.

La transparence n’est pas une divulgation sélective à des tiers.

Certaines enseigne choisissent de divulguer des informations sur la chaîne d’approvisionnement à des personnes ou des groupes de personnes. Elle divulguent les informations à des ONG ou des syndicats sélectionnés. Mais tous les consommateurs devraient pouvoir accès à cette information. De la même façon que dans l’industrie agroalimentaire, on peut savoir si notre tomate vient du Québec, ou du Mexique. On devrait savoir par quel pays notre t-shirt à transité. L’information communiquée sur l’étiquette est très partielle. Ainsi elle ne reflète pas vraiment le parcours du vêtement. À défaut de pouvoir tout inscrire et tout lire sur l’étiquette, l’information doit être disponible et accessible par tous.

D’ailleurs je vous parle un peu plus en détails de la problématique de l’étiquetage lacunaire des vêtements dans cet article : Des produits toxiques dans nos vêtements?

Des incidents liés à la santé et à la sécurité, et même des décès continuent de se produire dans l’industrie.

Ainsi, la transparence n’est pas une fin en soi.

La transparence est seulement un outil. Elle ne suffit pas à elle seule à résoudre les problèmes de l’industrie. Mais la transparence est une première étape nécessaire vers un changement systémique plus large.

L’industrie de la mode dans son ensemble a besoin d’un changement de paradigme radical.

Il faut changer la façon dont la plupart des vêtements sont fabriqués. Mais il faut également la façon dont les vêtements sont consommés. Et cela passe entre autre par davantage de transparence.

 

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Pour plus de transparence dans l’industrie de la mode

Pourquoi une plus grande transparence est importante pour l’industrie de la mode?

Lorsque le bâtiment du Rana Plaza s’est effondré il y a 6 ans au Bangladesh, tuant et blessant des milliers de travailleurs de l’habillement, les gens ont dû creuser dans les décombres. Les décombres ont été fouillés tout d’abord pour tenter de secourir les victimes ensevelies. Mais également pour prouver la responsabilité de certaines entreprises. En effet, c’est grâce à la présence d’étiquettes de vêtements sur les lieux, que certaines marques ont découvert qu’elles étaient liées à la catastrophe. Dans certains cas, il a fallu des semaines aux marques et aux détaillants pour déterminer pourquoi leurs étiquettes se trouvaient parmi les ruines et quels types d’accords d’achat ils avaient avec ces fournisseurs. Certaines de marques de vêtements ignoraient que leurs produits y étaient fabriqués dans les usines de Rana Plaza .

La grande majorité des marques de mode et des détaillants d’aujourd’hui ne sont pas propriétaires de leurs installations de fabrication.

Ainsi cela rend difficile la surveillance ou le contrôle des conditions de travail dans la chaîne d’approvisionnement hautement mondialisée.

Cela peut également  parfois servir d’excuse aux marques.

En effet, le fait que ce ne soit pas leur nom, leur permet en partie de se soustraire à leur responsabilité. Cela s’avère utile en cas d’accidents, ou des pratiques inopportunes.

Les marques et les détaillants peuvent travailler avec des centaines, voire des milliers d’usines à tout moment. Pendant le processus de fabrication, nos vêtements sont touchés par de nombreuses paires de mains avant même qu’ils n’arrivent en boutique ou, de plus en plus, sur les sites de vente en ligne.

Une marque peut passer une commande auprès d’un seul fournisseur, qui séparer la commande et sous-traite le travail à d’autres usines.

Cela se produit régulièrement dans l’ensemble de l’industrie. C’est pourquoi il est extrêmement difficile de surveiller les pratiques des géants de l’industrie textile.

La sous-traitance est parfois non autorisée. Ainsi cela rend les travailleurs invisibles dans la chaîne d’approvisionnement. Dans ce cas là les risques de violation des droits de l’homme sont souvent plus élevé. Le manque de transparence a coûté des vies.

Après la catastrophe du Rana Plaza, il est devenu évident que l’industrie de la mode avait besoin de changement.

Depuis l’effondrement du Rana Plaza certaines choses ont changées.

De nombreuses usines ont été modernisées surtout au Bangladesh.

Cependant, il n’y a pas eu assez de changements dans les chaînes d’approvisionnement mondiales de la mode. Et les pratiques commerciales de l’ensemble de l’industrie sont encore très secrètes. En effet il est encore extrêmement difficile, d’obtenir des réponses sur la provenance de nos vêtements. Il est quasi impossible, pour un consommateur de savoir où ses vêtements sont fabriqués, par qui et dans quelles conditions. Ainsi cela signifie qu’il est extrêmement difficile de connaître les impacts réels, tant positifs que négatifs, de nos achats de vêtements sur la vie des gens et sur l’environnement.

Jamais plus une tragédie comme celle de Rana Plaza ne devrait se produire…

Pourtant les incendies d’usine, les accidents de sécurité et les bâtiments défectueux… font partie de la vie quotidienne des ouvriers textiles. Les personnes qui fabriquent nos vêtements subissent la pollution et les déchets créés par l’industrie.

Et le fait de demander davantage de transparence constitue le premier pas vers le changement.

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Rana Plaza et après?

La violence de cette catastrophe n’a pas été passée sous silence. Un immeuble qui s’effondre et qui tue 1135 travailleurs du textile et en blesse 2000. Ça fait un peu tache dans le secteur de la mode.

Un meurtre pour assurer des profits au maximum aux plus grandes marques de textile. Un meurtre à cause du mépris le plus total des règles élémentaires de sécurité et le refus d’appliquer les conventions de I’OlT.

Suite à cette catastrophe, les médias ont amplement relayé cet accident. Mais nous, consommateurs nous nous sommes brièvement émus.

Cependant, rien ne semble avoir changer dans notre façon de consommer la mode.

Les grandes enseignes continuent leurs manèges et continuent à faire du profit sur le dos de la santé des travailleurs et de planète.

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Alors pour commémorer le triste anniversaire de l’effondrement du Rana Plaza dans la capitale du Bangladesh, j’aimerais rappeler que cet événement est le fruit de la  volonté des entreprises :

— de faire dans l’urgence des collections, sans tenir compte de la capacité de production;

— de l’indifférence d’assurer  conditions de travail décentes à ceux qui contribuent à leur succès;

—de faire fabriquer à des coûts salariaux dérisoires;

—de gagner la course au profit en achetant des produits le moins cher possible et en les revendant à de faibles prix et malgré tout avec une marge confortable.

Cette volonté de profit, toujours plus grand, conduit à la surconsommation et à la surpollution.

Mais si les mille victimes du Rana Plaza ont hélas eu les faveurs de l’actualité, il n’en va pas de même de celles qui meurent quotidiennement et à petit feu dans l’indifférence générale. Les employés de l’industrie textile travaillent chaque jour au péril de leur santé et de leur vie. Pour la confection de nos vêtements, ils utilisent de produits extrêmement dangereux qui ruinent leur santé.

Combien de travailleurs d’Asie meurent à petit feu parce qu’ils sont exposés à des produits nocifs et interdits?

Alors oui l’Asie c’est loin. En effet, ça ne se passe pas devant notre porte. Alors on ferme les yeux. Pourtant il s’agit des habits qui peuplent nos garde-robes. On continue d’acheter comme si nous étions insensibles au travail forcé d’enfant mineur.  On continue de se procurer des habits comme si nous étions  impassibles face à l’anéantissement de la santé des travailleurs. Les bas prix est-ce vraiment la seule chose à laquelle on souhaite porter de l’intérêt?

On dirait bien que oui. On préfère faire l’autruche, et faire semblant de ne pas voir, de ne jamais avoir entendu parler de toutes ces polémiques et histoires dérangeantes…

Cependant l’industrie textile est encore est là… Et trop peu de choses ont réellement changé.

Alors certes la mort au compte goutte des travailleurs de l’industrie textile, c’est moins spectaculaire que l’effondrement du Rana Plaza.

rana-plaza-2013-2019-6-ans-apres-Qu'attendons-nous-pour-prendre-des-décisions-a-la-hauteur-de-nos-convictions

Mais qu’attendons-nous pour prendre des décisions à la hauteur de nos convictions?