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Deviens féministe, arrête la fast fashion

Le 8 mars, nous célébrons la Journée internationale de la femme.

C’est le moment de se mobiliser, de protester et d’écrire un message sur le féminisme et l’empowerment de la femme sur Instagram. Mais c’est aussi un moment pour avoir des conversations plus significatives et approfondies.

Cette année, nous demandons donc : l’industrie de la mode peut-elle être féministe?

En 2004, un livre de Kristin Rowe-Finkbeiner exprime que le « féminisme » est désormais considéré comme un nouveau gros mot. Le féminisme est, selon elle, devenu « un gros mot ». Un mot qui divise. Un mot qui anime et cristallise les conservations. Mais également un mot qui effraie. Un mot qui rend mal à l’aise. Un mot auxquel de nombreuses femmes sont nerveuses et hésitante à l’idée de s’affirmer ou de se définir comme tel.

De nombreuses femmes on peur de dire « je suis féministe ».

Pour moi, le féminisme ne devrait jamais être un gros mot.

Ces derniers jours, les grandes marques ont lancé des collections et des t-shirts à slogan sur « l’empowerment » de la femme. Certaines vont même jusqu’à reverser les profits des associations. Une action qui peut paraitre engagée de prime abord, mais en réalité, il s’agit de greenwashing plus qu’autre chose.

Ces campagnes d’émancipation des femmes sont, dans leur essence et par leur nature même, hypocrites.

En cette journée du 8 mars, j’aimerais que l’autonomisation des femmes ne soit pas uniquement un argument marketing.

J’aimerais que l’empowerment de la condition féminine se prolonge à travers la chaîne d’approvisionnement.

En cette Journée internationale du droit des femmes, j’aimerais dénoncer un nouveau gros mot qui commence aussi par la lettre F : la Fast Fashion.

La Fast Fashion se caractérise par une course effrénée et acharnée.

Dans celle-ci les détaillants produisent constamment de nouvelles lignes de vêtements et les proposent à des prix bon marché. Cette course effrénée a permis de rendre la mode plus accessible, notamment à la classe moyenne. Les vêtements sont aujourd’hui disponibles pour tous à des prix très abordables. Ainsi, la Fast Fashion a permis aux femmes occidentales d’avoir accès à une industrie historiquement élitiste. Mais il y a un problème avec cette industrie.

Elle repose sur l’exploitation des travailleuses.

En effet, la Fast Fashion a démocratisé le vêtement, mais elle continue d’opprimer les travailleuses de la filière.

La majorité des travailleurs de l’habillement dans les pays en développement sont des femmes.

Elles représentent jusqu’à 80% de la main-d’œuvre peu qualifiée dans le secteur du prêt-à-porter. Et elles font partie des personnes les plus vulnérables de la chaîne d’approvisionnement. À l’inverse, la majorité des directeurs d’usines de confection sont des hommes. Ce fait à lui seul ouvre la voie à l’exploitation potentielle des travailleuses.

Les femmes de la chaîne d’approvisionnement sont à la merci de la pression exercées par leurs supérieurs. Ces derniers exigent fréquemment qu’elles fassent des heures supplémentaires qui ne sont pratiquement jamais rémunérées ou indemnisées.

Les propriétaires d’usines dans des pays tels que le Bangladesh et le Cambodge utilisent la place inégale des femmes dans la société comme base pour les exploiter cette main-d’œuvre bon marché.

Les femmes qui font des heures supplémentaires gagnent un salaire inférieur au minimum vital.  C’est-à-dire que malgré qu’elles consacrent leur vie à leur travail, le salaire qu’elles en retirent ne leur permet pas de vivre décemment. Ainsi elles se retrouvent dans des situations de pauvreté voir de précarité.

Bien que l’exploitation des travailleuses constitue un problème important, il touche particulièrement la production des vêtements issus des entreprises de Fast Fashion, car cette dernière exige des délais de production irréalistes. Ce modèle et les exigences qui lui sont inhérentes ont pour conséquence directe de réduire le bien-être des travailleurs et de leur imposer des semaines à rallonge et des heures supplémentaires.

Le système Sumangali en Inde représente un exemple particulièrement inquiétant d’exploitation des travailleuses.

Les recruteurs de Sumangali ciblent les filles issues de familles pauvres. Ils leur offrent des contrats contraignants, de 3 à 5 ans pour travailler dans les filatures. Pendant cette période, les jeunes filles s’installent dans une enceinte contrôlée par l’entreprise et ne peuvent pas voir leur famille.

Le système est également conçu pour limiter les contacts entre les travailleuses de peur qu’elles ne forment des syndicats. Ces jeunes filles sont censées travailler en équipes de 12 heures dans les filatures, bien que cela se prolonge souvent par des heures supplémentaires, pour un salaire de 34 roupies (soit quelques centimes) par jour.

À la fin du contrat, on leur offre une somme forfaitaire à titre de dot et on les pousse à se marier de force. Il est clair que si ce système est l’un de ceux qui produisent les vêtements de Fast Fashion, alors il est clair que la Fast Fashion féministe ne pourra jamais être une réalité.

La réalité de la vie quotidienne de ces femmes est pratiquement invisible pour nous, consommatrices occidentales quand on parcourt les rayonnages des magasins de vêtements.

Mais sous les apparences et derrière les rayonnages bien rangés se cachent des histoires tragiques et des destins brisés. Derrière les messages à caractère féministes se cache une triste réalité face à laquelle nous préférons fermons les yeux ou ne pas trop nous y arrêter. 

En fin de compte, la mode rapide ne ressemble pas à ce qu’elle prétend être.

Le dernier rapport de l’EAC, ‘FixingFashion’, affirme que le pouvoir de la mode rapide réside dans le fait qu’’à aucun autre moment de l’histoire de l’humanité, la mode n’a été aussi accessible à autant de personnes dans notre société’ (EAC 2019, 7).

Mais, à quel prix ? Nous ne pouvons pas accéder ou échanger l’accessibilité des vêtements à petits prix contre les violations des droits humains fondamentaux.

Ainsi, bien que la Fast Fashion permettre aux femmes occidentales, la possibilité de se vêtir de façon tendance sans y laisser un rein, en contrepartie, les travailleuses du secteur travaillent dans des conditions si déplorables, qu’on préfère détourner le regard, et continuer à profiter de nos privilèges. Malheureusement, la grande majorité des personnes qui fabriquent nos vêtements dans des conditions moins qu’idéales, caractérisées par le harcèlement et les abus, reçoivent un salaire bien inférieur au salaire décent et n’ont pas le droit humain fondamental à la négociation collective.

Bref, en cette journée internationale de la femme, des femmes, du droit des femmes, je vous invite à prendre un engagement féministe, ferme et  audacieux: celui de renoncer à la fast Fashion.

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Le cuir vegan / cuir végétalien – qu’est-ce que c’est ?

Depuis quelques années, je suis devenue plus consciente de la façon dont je magasine et de l’impact de mes achats sur le monde qui m’entoure. Étant donné la popularité des produits en cuir végétalien, je pensais, comme sans doute beaucoup de monde, que le cuir végétalien était une nouvelle alternative plus éthique au cuir véritable.

On s’est désormais que l’élevage d’animaux destiné à l’abattage présente des facteurs nuisibles pour l’environnement.

En effet, selon l’ONU, l’agriculture animale est responsable de 18% des émissions de gaz à effet de serre. Et 70% de la déforestation en Amazonie est due au fait de défricher des terres pour la culture de céréales pour le bétail.

Il me semblait donc logique qu’une version végétalienne d’un matériau à base de peau animale soit une solution plus « éthique » et « durable », mais en réalité les choses ne sont pas si simples…

Le cuir végétalien a gagné en popularité au cours des 10 dernières années.

Il s’est notamment taillé une place de choix auprès des milléniaux. Et plus particulièrement, cet avènement est lié au succès de la ligne de vêtements et d’accessoires végans de Stella McCartney.

Depuis, des marques comme American Apparel, TopShop et des marques de mode rapide comme Forever21 et H&M ont adopté la tendance, en produisant à leurs tours, des sacs et portefeuilles, mais aussi des chaussures et vestes « en cuir végétalien ».

Bien qu’il soit facile de savoir qu’il ne s’agit pas — d’un produit issu d’un animal — la question « qu’est-ce qu’est le cuir végétalien? », demeure.

Le cuir végétalien est un terme valise.

Il est utilisé pour décrire beaucoup de choses. Il peut désigner une matière fabriquée à partir de matériaux renouvelables comme le liège ou de l’ananas. Mais la méthode la plus couramment utilisée pour fabriquer du cuir synthétique, en particulier lorsqu’il est fabriqué en grande série, est du textile enduit avec du polyuréthane ou polychlorure de vinyle (PVC).

Donc, en d’autres termes : la plupart des cuirs végétaliens ne sont que du plastique.

Autrefois on les appelait « faux cuir », « similicuir » ou « cuir synthétique ». Désormais on l’appelle « cuir végétalien », c’est plus trendy.

Cette appellation a une meilleure conation aux yeux des acheteurs. Ainsi, cela vient donner un second souffle à ces appellations démodées et vectrices de qualité médiocre.

Cependant ce n’est pas parce qu’il est fabriqué avec autre chose que du cuir qu’il est nécessairement végétalien. Beaucoup de fabricants se revendiquent comme utilisant du « cuir végétalien ». Mais ces matières n’ont parfois rien de végétal, et ne sont pas nécessairement vegan. Parfois les fabricants utilisent même des colles et des adhésifs qui ont été testés sur les animaux par exemple.

Pour s’assurer du bien-fondé des marques, il est donc nécessaire de vérifier de plus près la qualité des produits et l’implication des entreprises dans la cause vegan ou non.

Mais revenons-en au polyuréthane et au polychlorure de vinyle (PVC)

Le PVC est fabriqué par un procédé appelé polymérisation, dans lequel les molécules de chlorure de vinyle monomères se combinent. Le procédé libère des dioxines, un produit chimique toxique pour l’environnement et le corps humain lorsqu’il est chauffé. Mais le plus gros problème réside dans le fait que le PVC est un plastique rigide. Pour rendre ce matériau dur flexible, il faut traiter le plastique avec des phtalates.

Les phtalates sont un ensemble de produits chimiques connus pour endommager le foie, les reins, les poumons et le système reproducteur.

Tous les matériaux à base de PVC utilisent des phtalates, de sorte que les sacs en cuir végétalien peuvent être sans cruauté pour les animaux, mais dangereux pour le corps humain.

Ce qui est doublement déroutant, c’est que Greenpeace — un grand défenseur d’alternative plus durable — a considéré le PVC comme étant le « type de plastique le plus nuisible à l’environnement », car il a un impact négatif sur les humains et l’environnement par sa production, pendant son utilisation et après son utilisation, et une fois jeté.

Si les fabricants n’utilisent pas de PVC, l’autre alternative couramment répandue consiste généralement à enduire un support en tissu de polyuréthane pour lui donner un aspect et un toucher cuir.

Le polyuréthane est moins toxique que le PVC.

En effet, le polyuréthane se dégrade dans le temps. Il peut être incinéré de manière plus sûre, alors que des composants toxiques tels que l’acide chlorhydrique par exemple, peuvent être dégagés pendant la combustion de PVC. Également le polyuréthane contient nettement moins de COV (composés organiques volatils) que le PVC.

Mais le polyuréthane s’accompagne de préoccupations environnementales. Le polyuréthane est une matière synthétique contenant des substances cancérigènes et mutagènes pour le système immunitaire jusqu’ici sous-évalué.

L’emploi de polyuréthane nécessite des solvants chimiques qui, selon leur qualité et leur coût de production, peuvent être dangereux pour l’homme et l’environnement. Bien que l’utilisation de solvants de meilleure qualité et plus sûrs puisse réduire les risques pour l’environnement, les fabricants produisent des matériaux derrière des portes fermées, souvent dans de grandes usines où les processus chimiques sont tenus secrets. Il est difficile pour les consommateurs de savoir quelles entreprises le font bien, surtout si l’on considère que la fabrication est souvent sous-traitée.

En revanche les « cuirs végétaliens » utilisent moins d’eau que le cuir issu de l’élevage.

Également au niveau des émissions de gaz à effet de serre, le cuir végétalien émet moins de CO2, que ceux issus de l’élevage.

Mais les produits en cuir végétalien ont comme la plupart des plastiques, une durée de vie plus courte que ceux en cuir issu de l’élevage.

En effet, contrairement au cuir véritable, qui devrait durer toute une vie avec un entretien approprié, le cuir végétalien a tendance à se décolorer et à se détériorer après quelques années. Ainsi cela signifie que vous allez remplacer et jeter les produits plus que vous ne l’auriez fait avec du cuir.

Bref, considérant tout cela, l’appellation « cuir végétalien » paraît inappropriée voir erronée.

Cette appellation englobe aujourd’hui de multiples matières qui ne peuvent être regroupées en une seule entité. De plus, ces matières ne possèdent pas les propriétés du cuir.

De belles alternatives au cuir existent.

Elles doivent se faire une place, pas en temps que substitut, mais en temps matière à part entière.

D’ailleurs, en France, le terme cuir est un terme déposé. Cela signifie que son utilisation est encadrée par un décret. Cela désigne une « matière issue de la peau animale, transformée pour être rendue imputrescible ». Elle peut-être issue des bovins, ovins, caprins, porcins, équidés, reptiles, poissons et oiseaux.

  • Il existe quelques options de matériaux plus éthiques durables, mais ils ont un prix.
  • Paguro Upcycle, par exemple, fabrique ses sacs en caoutchouc recyclé. Le caoutchouc recyclé est une alternative au cuir. Il a un toucher et une densité similaire à celle du cuir, mais sans l’impact environnemental.
  • Minuit sur Terre également vous propose ses chaussures véganes pour hommes et femmes, certifiées PETA Approved Vegan. Conçues sans aucun produit d’origine animale, elles ne contiennent pas de cuir. Les chaussures véganes Minuit sur Terre sont conçues dans le respect des animaux, mais aussi des travailleurs et de l’environnement. Elles sont confectionnées au Portugal, dans la région de Porto, connue pour son savoir-faire dans la chaussure. Elles sont acheminées en France par camions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport.
  • Balzac Paris a mis au point des sandales en Piñatex®. Le piñatex est une alternative au cuir animal fabriquée à partir de fibres de feuilles d’ananas. (je vous parle plus en détail de ce matériau ici)
  • La veste Grand Cerf revisite, en alter-cuir par Poétique
  • Travel Bag en bâche de camion recyclée par Freitag
  • Modern Meadow aussi a dévelopé un procédé appelé biofabrication pour cultiver un matériau semblable au cuir. Il est également possible de fabriquer du textile à partir de soie d’araignée, de champignons, cellulose microbienne et autres bactéries. Les produits ne sont pas encore en vente.
Sources :
http://en.wikipedia.org/wiki/Pvc
http://toxtown.nlm.nih.gov/text_version/chemicals.php?id=24 http://www.freepatentsonline.com/7306825.html http://oecotextiles.wordpress.com/2012/05/29/what-about-chrome-free-or-eco-leather/ 
https://www.greenpeace.org/usa/toxics/pvc-free/ https://www.atsdr.cdc.gov/substances/toxsubstance.asp?toxid=79