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Gerhard Steidl, la star mondiale de l’édition d’art

Je ne vous en ai pas beaucoup parlé sur le blog, mais dans la vie je suis graphiste. Vous pouvez consulter mon portfolio en ligne ici. En tant que graphiste, je suis particulièrement sensible, aux livres, et plus précisément aux beaux livres. En matière de beaux livres, j’aimerais vous parler de Gerhard Steidl. Dans le milieu il est considéré comme « l’éditeur de luxe, haute couture ». C’est l’un des plus grands éditeurs et imprimeurs de tous les temps! Il est, sans conteste, l’un des imprimeurs les plus pointus de livres de photographie, sa grande passion.

Revenons un peu sur l’histoire et le parcours de Gerhard Steidl :

Il est né à Göttingen en Allemagne, en 1950. Passionné de photographie, mais insatisfait de ces clichés, il renonce à la photographie et décide alors de devenir imprimeur. Dès le début de sa carrière, il fréquente des artistes contemporains tels que Joseph Beuys. Ce dernier l’a d’ailleurs beaucoup encouragé à penser l’impression comme une forme d’art. C’est alors qu’encouragé par son ami Joseph Beuys et empreint des écrits du philosophe Walter Benjamin, qu’il commence à réaliser des sérigraphies, des lithographies et des impressions offset. Gerhard Steidl alors à peine âgé d’une vingtaine d’années se lance dans l’édition avec le projet Befragung der Documenta. Ce livre réalisé dans l’arrière-cour de la maison de Göttingen avec l’artiste Klaus Staeck, son ami et mentor, marque le début de sa carrière.

À la suite de ce projet, de fil en aiguille, Gerhard Steidl édite des livres de personnes très connues. Il collabore avec des artistes tels que Günter Grass, Raymond Depardon, Roni Horn, Robert Frank, Mitch Epstein, Juergen Teller, tout en restant très humble et très travailleur.

Gerhard Steidl est un véritable passionné.

Il travaille de l’aurore au crépuscule sans relâche. De plus, ce n’est pas les commandes qui lui manquent. Les artistes et les maisons de couture de couture se bousculent la porte de son atelier. En effet, il est par ailleurs l’imprimeur attitré de la maison Chanel. Il a collaboré de nombreuses fois avec le couturier Karl Lagerfeld. Et il a même créé, pour cette maison de haute couture une police de caractères.

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Guy Bourdin, Untouched

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Kanye West’s YEEZY footwear

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The Little Black Jacket – Slipcased Edition – Karl Lagerfeld

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Lewis Baltz Works

La force et la plus-value de Gerhard Steidl c’est qu’il est à la fois imprimeur et éditeur : 

C’est très rare d’avoir cette double casquette. Généralement on s’adresse à des éditeurs, mais tout l’aspect imprimerie est mis de côté, et sous-traité à des centaines de kilomètres. Le fait de réaliser les deux permet d’apporter un soin particulier à l’objet, au livre, à la page imprimée, à la reliure.Publier, mettre en page, imprimer, diffuser, tout se fait sous le même toit dans la maison de la Düstere Strasse, à Göttingen. Gerhard Steidl a réuni dans un même lieu une équipe de professionnels ou tous les corps de métiers sont représentés. Ainsi la chaîne de production n’est jamais rompue. Tout ce passe au même endroit.

Cette centralisation contribue au succès de la maison d’édition de Gerhard Steidl.

Sur son superbe site internet, il est possible de retrouver toutes ces œuvres, mais j’avoue que ce n’est pas le lieu idéal pour se faire une idée. Compte tenu qu’il conçoit des livres en prêtant une grande attention à l’aspect sensoriel, il serait préférable de pouvoir voir et toucher ces livres pour se rendre compte de leur particularités et de leurs qualités. Gerhard Steidl considère que le papier est un médium extrêmement sensuel. Il a un certain grain, une certaine texture qui le rend voluptueux. Les papiers ont aussi une sonorité. Ainsi c’est en prêtant attention à tout ce que certains éditeurs considèrent comme des détails, qu’il conçoit ces livres. Il prête une attention particulière au le choix du papier, à son grammage, sa couleurs, sa douceur, son bruit, mais il prête également un grand intérêt à choix de l’encre ainsi qu’au procédé d’impression …

Si Nietzsche affirmait que le Diable se cache dans les détails, pour Gerhard Steidl, c’est sans doute la qualité qui se cache dans les détails !

 

Gerhard Steidl entretient une relation privilégiée avec les personnes avec qui il travaille. 

Lorsqu’un artiste vient à Steidlville, tout est prévu pour le recevoir :

En effet, à proximité de son lieu de travail se trouve un immeuble qui fait office d’hôtel pour les invités de l’éditeur. Celui-ci s’appelle l’hôtel des demi-tons. Les chambres sont belles et design et décorées par les œuvres des visiteurs. Cela permet à Gerhard Steidl de pouvoir les consulter à tout moment. Une fois sur place, les artistes ont à leur disposition une équipe de près de 40 personnes comprenant des graphistes, des typographes, et des imprimeurs qui s’occupent de leur projet. Mais avant de pouvoir collaborer avec Gerhard Steidl il faut s’armer de patience, car il y a une longue liste d’attente.

Mais une fois que le livre est édité, la collaboration ne s’arrête rarement ici :

Les relations qu’entretient Gerhard Steidl avec les artistes sont très riches. Ces derniers passent généralement la porte de l’atelier plusieurs fois. Par exemple, Jim Dine a publié dix-huit livres chez Gerhard Steidl tandis que Robert Frank en a publié pus de trente livres. Ces exemples sont loin d’être des cas isolés.

Les artistes apprécient grandement la qualité de la production est le savoir faire de Steidl, c’est pourquoi la liste d’attente de commandes de l’atelier ne désemplit pas.

En effet, la maison gère plus de 300 projets chaque année, chacun d’entre est traité de façon individuelle. C’est ça qui plait aux artistes. Ils sont réellement acteurs de leur projet d’édition; ils viennent à Steidelville, avec un projet en tête et une fois sur place, ils collaborent ensemble pour exécuter le projet. Les artistes apprécient cette relation privilégiée qui leur permet de ne pas avoir à faire de compromis.

Pour Gerhard Steidl c’est important de pouvoir s’entourer d’artistes. En effet, pour lui, il ne suffit pas d’être le meilleur techniquement, il faut aussi est créatif pour créer de beaux livres. Ainsi à l’atelier le processus de création est d’abord manuel. Il est fréquent de voir des artistes travailler leur maquette avec une paire de ciseaux et un bâton de colle. Cela leur permet d’exprimer de façon précise leurs souhaits et attentes, même s’ils n’ont pas de connaissance en matière d’édition.

Bref, il semblerait que l’édition de livres d’art ne craigne ni la crise, ni l’électronique !

Il y a un marché de collectionneurs de livres de photographie depuis plusieurs années ce qui permet à l’entreprise de prospérer. De plus à l’image d’une maison de luxe les éditions Gerhard Steidl sont imprimées un nombre limité d’exemplaires, ce qui crée la rareté est donc la convoitise.

Bien que nous vivions dans un monde ou électronique règne, par ailleurs presque paradoxalement, nous apprécions les objets tangibles. En effet, nos intérieurs sont remplis de babioles, auxquelles nous sommes parfois très attachés. De plus, malgré les efforts du livre électronique qui séduire les lecteurs, aujourd’hui beaucoup de gens apprécient encore énormément avoir un livre entre les mains et encore plus lorsque c’est un beau livre. Le côté très tactile du livre n’est pas substituable. Le fait de pouvoir sentir sous ses doigts la texture du papier ou sur ses genoux le poids d’un livre sont des sensations unique auxquels les lecteurs sont attachés.

Et vous êtes vous plutôt #Kindle ou #papierforever ?