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Notre société est obèse

Notre société contemporaine se trouve confrontée à une réalité paradoxale : celle de l’obésité sous toutes ses formes. Non pas seulement physique, mais aussi sociétale, écologique et culturelle.

Réveil dans un nouveau monde

Imaginez un peu : si quelqu’un se réveillait aujourd’hui après trente ans passés dans le coma…. Il serait sûrement abasourdi en découvrant la société actuelle. Notre société n’a pas seulement vieilli, elle a carrément pris du poids ! C’est un monde où les écrans sont partout, où les maisons semblent avoir pris des stéroïdes pour devenir toujours plus grandes, où les voitures sont devenues des mastodontes sur roues, pesant lourd sur l’environnement et l’espace urbain. C’est comme si la société avait subi une transformation physique majeure, marquée par une hypertrophie technologique et matérielle.

D’ailleurs l’omniprésence des écrans a profondément transformé notre manière d’interagir avec notre environnement et les uns avec les autres. Les écrans sont devenus le principal moyen de communication, d’information et de divertissement.

Révolution des communications

Autrefois, la notion de communication à distance reposait principalement sur un seul téléphone par foyer. Il était souvent placé dans un lieu central de la maison comme le salon ou le couloir. Ce téléphone était fixe et relié par un câble. C’était un point de convergence pour tous les membres de la famille. Les conversations téléphoniques étaient alors un moment partagé. Parfois, elles étaient même écoutées discrètement par d’autres membres du foyer, du fait de la centralité de l’appareil. Ce mode de communication avait aussi pour effet de limiter la durée et la fréquence des appels. Ils étaient plus coûteux et moins privés.

Cette configuration téléphonique imposait un rythme particulier. Prendre un appel signifiait souvent interrompre les activités familiales, et chaque conversation pouvait devenir un événement en soi. Le téléphone fixe était aussi le témoin des grandes nouvelles, qu’elles soient joyeuses ou tragiques. Elles étaient partagées instantanément avec l’entourage domestique.

Avec le temps, la démocratisation des téléphones portables a profondément transformé cette dynamique.

Aujourd’hui, chaque personne, y compris souvent les enfants, possède son propre appareil. Cette individualisation de la communication permet une grande liberté et confidentialité. Mais contribue aussi à un certain isolement au sein même des familles. Les membres d’un même foyer peuvent être physiquement ensemble tout en étant, chacun isolé dans son propre monde numérique.

D’ailleurs ajd on ne possède, pas seulement un téléphone portable. Mais aussi d’autres appareils grâce auxquels on reçoit des appels. Cette multiplication des écrans témoigne de notre soif grandissante de technologie et d’information instantanée.

Chaque personne, jeune ou moins jeune, semble liée en permanence à un dispositif qui offre non seulement communication et divertissement. Toutefois, nos téléphones servent aussi de porte d’entrée à une surcharge d’informations et de stimulations constantes.

C’est un changement radical dont on ne mesure pas toujours bien l’impact, je crois.

À l’époque, il fallait allumer la radio, ou bien alors, aller chercher le journal pour avoir accès à la l’information. Cette omniprésence a chamboulé nos interactions quotidiennes et nos relations interpersonnelles…

Regardons désormais nos maisons.

Dans notre monde moderne, il semble que les maisons aient été injectées de stéroïdes, devenant toujours plus grandes et imposantes. Les quartiers résidentiels sont parsemés de demeures qui semblent rivaliser en taille et en opulence.

Expansion des logements

En France, les habitations ont considérablement grandi au fil des années. Si l’on remonte quelques décennies en arrière, on observe que la superficie moyenne des logements individuels était nettement inférieure à ce qu’elle est aujourd’hui. La quête de confort personnel a poussé les constructeurs à proposer des maisons toujours plus spacieuses.

Le désir de grandeur

Ce phénomène de gigantisme résidentiel se reflète aussi dans l’architecture intérieure : grandes pièces à vivre, suites parentales avec salle de bain et dressing, cuisines ouvertes et équipées de technologies modernes. Ces maisons modernes, sont conçues pour offrir un maximum de confort et d’espace à chaque membre de la famille.
En parallèle, ce désir de grandeur s’accompagne souvent d’une consommation accrue en énergie pour le chauffage, la climatisation et l’entretien… Ce qui pose des questions environnementales non négligeables.

Impact écologique

Cette tendance à l’augmentation de la taille des maisons se reflète également dans les dimensions des appareils électroménagers et des écrans de télévision, qui semblent rivaliser de grandeur pour remplir ces vastes espaces nouvellement créés.

Les réfrigérateurs deviennent des doubles portes américaines, les fours se multiplient en nombre et en taille, et les écrans de télévision couvrent désormais des murs entiers, transformant des salons en véritables cinémas privés. Cette escalade de la grandeur ne se limite pas à un simple désir de confort mais soulève une question plus critique : cette augmentation de la taille des maisons et de leur contenu répond-elle à un besoin réel ou reflète-t-elle plutôt une société qui valorise l’excès et le prestige associés à la grande propriété ?

Cette expansion des espaces de vie contribue significativement à une empreinte écologique plus lourde.

La construction de maisons plus grandes requiert une utilisation accrue de matériaux, souvent issus de ressources non renouvelables, et entraîne une augmentation de la consommation énergétique pour le chauffage et l’entretien. De plus, ces grandes propriétés, souvent situées dans des zones périurbaines, nécessitent que leurs occupants utilisent des véhicules personnels pour la plupart de leurs déplacements, ajoutant ainsi à leur empreinte carbone.

Au fil des années, l’augmentation de la taille des véhicules est également notable. Les voitures, notamment les SUV, sont devenues plus larges, plus hautes et plus lourdes. Cette évolution n’est pas sans conséquences : elle exige plus d’énergie et contribue davantage à la pollution. L’engouement pour les SUV peut être attribué à une perception de sécurité accrue et à un statut social élevé qu’ils confèrent à leurs propriétaires. Cependant, cette tendance à privilégier des véhicules toujours plus imposants aggrave les problèmes de congestion urbaine. Le défi est donc de concilier les attentes des consommateurs en matière de confort et de statut avec la nécessité de réduire notre impact environnemental.

Conséquences sur la santé

Mais le problème ne se limite pas à un simple manque de place ou à une augmentation des coûts énergétiques. Il touche également notre santé. Aux États-Unis, par exemple, la taille des portions dans les restaurants a doublé, voire triplé, au cours des vingt dernières années, contribuant à une hausse alarmante des cas d’obésité.

Cette tendance se vérifie aussi en France, où les habitudes alimentaires se calquent de plus en plus sur le modèle américain, avec des conséquences tout aussi inquiétantes. Le surdimensionnement des portions alimentaires ne reflète pas seulement un désir de satisfaire les consommateurs ; il est également une manifestation d’une culture où « plus » est souvent synonyme de « mieux ». Cette approche doit être repensée, car elle est non seulement préjudiciable à la santé individuelle, mais elle contribue également au gaspillage alimentaire, un autre aspect crucial de notre empreinte écologique.

Le défi de la durabilité

Face à ces constats alarmants, il devient manifeste que nos efforts pour verdir notre économie sont continuellement contrecarrés par notre tendance à la surconsommation.

Le paradoxe de Jevons, identifié dès le XIXe siècle, reste d’une pertinence frappante.

Le paradoxe de Jevons, nommé d’après ce cher William Stanley Jevons, c’est une de ces curiosités économiques qui nous font un peu grincer des dents. Ça vient du constat que quand on devient plus efficaces dans l’utilisation des ressources, grâce à de superbes avancées technologiques, eh bien, ça peut se retourner contre nous. Plutôt que de réduire notre consommation de ces ressources, ça peut la faire grimper encore plus haut.

L’idée a été lancée par Jevons dans son livre « The Coal Question » en 1865. Il a regardé l’utilisation du charbon en Angleterre et a remarqué que quand on est devenus plus malins pour utiliser le charbon, ça n’a pas réduit notre appétit pour ce combustible, non. Au contraire, ça a boosté la demande, parce qu’on l’utilisait dans de nouveaux domaines économiques et la production totale a augmenté.

Ajd malgré les progrès technologiques visant à optimiser l’utilisation des ressources, la consommation globale ne cesse de croître de manière exponentielle.

Par exemple, même si nos maisons adoptent des pratiques plus écoénergétiques, leur taille croissante annule souvent ces avantages environnementaux.
Également, bien que nos voitures soient de plus en plus conçues pour être efficientes, leur poids et leur encombrement augmentent également. Cela entraîne ainsi une empreinte écologique accrue.
En dépit des efforts pour promouvoir une alimentation végétale et plus respectueuse de l’environnement, notre système de production alimentaire reste ancré dans une culture de surproduction et donc de gaspillage.
Même si nous avons fait des progrès dans le domaine du recyclage, la quantité de déchets que nous générons continue de croître, mettant en péril la santé de notre planète. Face à cette réalité inquiétante, il est impératif de briser cette spirale de surconsommation. Nous devons réévaluer profondément nos priorités et nos modes de vie pour promouvoir un développement véritablement durable qui respecte les limites de notre planète et assure un avenir viable pour les générations futures.


Dans un monde où l’abondance règne, il est crucial de réfléchir aux conséquences de notre mode de vie boulique. Le constat est sans appel !

La technologie nous isole malgré sa prétention à connecter dans notre société. Les maisons rivalisent en taille et en équipements luxueux, mais nous sommes de plus en plus seuls et éloignés. Les véhicules deviennent de plus en plus imposants et polluants. Les portions alimentaires dépassent largement nos besoins et entraînent du gaspillage alimentaire. Notre société est malade. Cette course à l’excès compromet notre santé, dégrade notre environnement et menace notre équilibre sociétal.

Il est temps de repenser nos priorités et d’adopter un mode de vie plus équilibré et durable.

En prenant conscience de la boulimie collective de la société et en agissant de manière responsable, nous pouvons aspirer à un avenir plus sain et durable pour les générations futures. Mais tout est à réinventer.

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