Dans un monde de plus en plus urbanisé, où tout semble accessible par la simple action de se rendre dans les multiples commerces ou services à disposition, il est facile de se déconnecter de la nature. Aujourd’hui, il est tout à fait envisageable de passer une vie entière à se vêtir sans jamais avoir vu un animal dont proviennent le cuir ou la laine, ou à se nourrir sans avoir jamais touché une poignée de terre. Il est possible d’admirer des paysages uniquement à travers des écrans, des films ou des photos, sans jamais mettre un pied à la campagne. Une telle existence est devenue la norme. Mais est-ce vraiment de cette manière que l’être humain peut s’épanouir pleinement ?
Je suis née en banlieue parisienne mais j’ai eu la chance de tisser, au fil des années, un lien avec la nature. Ce lien n’était pas le fruit d’une réflexion consciente ou d’un raisonnement logique, mais plutôt la réponse instinctive à un besoin fondamental, un besoin qui ne m’a jamais quittée.
Était-ce cette proximité constante avec la nature qui a façonné ma manière de penser actuelle ? Ou bien est-ce cette conscience préexistante qui m’a poussée à chercher ce contact ? La question reste ouverte, mais une chose est certaine. La nature a toujours été pour moi une source inépuisable d’inspiration et de réflexion.
Un besoin d’appartenance à la nature
Alors que la société est aujourd’hui confrontée à une crise environnementale sans précédent, il est impératif de se pencher sur les racines de ce déséquilibre entre l’homme et son environnement. Je me demande souvent si l’un des principaux facteurs de cette crise n’est pas l’éloignement progressif de l’homme de la nature.
Dans nos sociétés industrialisées, une grande partie des gens n’a plus aucun contact direct avec la nature, ce qui peut mener à une forme de « dénaturation ». Déconnectés de la nature, les humains deviennent des étrangers sur cette Terre, vivant en opposition aux lois naturelles.
Pour comprendre l’importance de notre lien avec la nature, je dois d’abord explorer ma propre relation avec elle.
Mes premiers pas vers la nature
Enfant, j’ai grandi en banlieue parisienne. Une banlieue de privilégiée, avec de grands arbres et de nombreux espaces verts. Mes interactions avec la nature étaient toutefois limitées. Mon quotidien se déroulait principalement dans les cours d’école goudronnées, où l’espace vert était une rareté. Pourtant, cette vie citadine n’a pas étouffé mon envie de nature.
Heureusement, les vacances scolaires m’offraient l’occasion et le privilège de m’évader. Mes grands-parents possédaient un appartement dans les Alpes. Ainsi, chaque année, nous y passions du temps, quelle que soit la saison. C’était un immense privilège dont je mesure encore aujourd’hui la valeur. En parcourant les sentiers alpins avec mes grands-parents, j’ai appris à reconnaître les fleurs sauvages, à nommer les cours d’eau et à identifier les sommets qui se dessinaient à l’horizon. Également, lorsqu’on découvrait une nouvelle fleur, j’avais même le privilège la prélever puis de l’inscire dans le sublime herbier de ma grand mère.
Ces promenades étaient aussi l’occasion de rencontres fortuites avec la faune locale. J’ai eu la chance d’observer des papillons aux couleurs chatoyantes, des grenouilles coassant près des lacs, des marmottes sifflant pour avertir de notre présence, des bouquetins escaladant avec agilité les pentes abruptes, des chamois furtifs et même le majestueux gypaète barbu planant dans le ciel. Chaque rencontre était une merveille, une fenêtre ouverte sur la diversité et la beauté du monde vivant.
L’éveil à la diversité du monde
En grandissant, mes horizons se sont élargis. J’ai eu l’opportunité de voyager, de « voir du pays » comme on dit, découvrant d’autres climats, d’autres cultures et d’autres paysages. Des forêts luxuriantes aux déserts arides, des côtes battues par les vagues aux plaines infinies, j’ai pris conscience que la nature revêt une infinité de visages, tous plus fascinants les uns que les autres. Chaque lieu avait sa propre essence, son propre rythme, et tous me rappelaient la place modeste mais essentielle de l’humain dans ce vaste écosystème.
Ces voyages ont renforcé ma conviction que la véritable menace pour notre environnement ne réside pas dans la croissance démographique en elle-même, mais dans le mode de vie que nous adoptons collectivement. Certes, la planète a des limites quant au nombre d’êtres humains qu’elle peut soutenir, mais ce nombre est largement influencé par notre consommation effrénée. Si nous continuons à poursuivre un modèle basé sur l’accumulation et la surconsommation, inspiré par l' »American way of life », nous dépassons déjà les capacités de notre planète. En revanche, si nous adoptons un mode de vie plus respectueux, plus en harmonie avec les ressources disponibles, nous pourrions vivre en équilibre avec notre environnement.
S’efforcer de contrôler les naissances sans remettre en question notre modèle de consommation risque de n’être qu’un pansement sur une plaie profonde. Moins d’enfants pourrait signifier, en théorie, moins de pression sur les ressources essentielles comme l’alimentation. Cependant, les économies réalisées sont souvent réinvesties dans des consommations encore plus gourmandes en ressources et potentiellement plus polluantes. C’est un cercle vicieux qui ne fait que déplacer le problème sans le résoudre.
La crise de notre époque : une déconnexion avec notre essence
Aujourd’hui, les problèmes de santé publique que nous rencontrons — maladies chroniques, cancers, allergies — ne sont pas un hasard. Ils sont le reflet de la manière dont nous vivons, en contradiction avec notre « mode d’emploi » naturel. Nous sommes des êtres issus de la nature, et lorsque nous nous éloignons de cette origine, les conséquences sont inévitables.
Nos choix quotidiens en matière d’alimentation, de travail, de loisirs et même de relations amoureuses sont influencés par un système qui nous pousse à faire des compromis. La publicité, les pressions sociales, l’organisation même de nos sociétés orientent nos choix vers des comportements qui, bien souvent, ne respectent ni notre santé ni notre bien-être.
Par ailleurs, il est important de souligner que certains aspects de la société échappent complètement à notre contrôle individuel, à commencer par l’environnement. La pollution de l’air et de l’eau, la disparition des espèces, la dégradation des sols, tout cela dépasse l’échelle individuelle. La question environnementale est devenue un enjeu global, et il est crucial d’adopter une approche collective pour y répondre.
L’inaction face à l’urgence climatique
Depuis plusieurs décennies, les scientifiques nous avertissent des dangers liés à la dégradation de notre environnement. Le réchauffement climatique, la diminution de la couche d’ozone, la pollution de l’air et des océans sont autant de symptômes d’une Terre en souffrance. Mais malgré ces avertissements, les gouvernements tardent à prendre des mesures concrètes.
Lorsque la pression populaire devient trop forte, des promesses sont faites, des programmes sont annoncés. Néanmoins, dès que l’économie vacille, l’environnement passe au second plan. Les solutions proposées sont souvent technologiques, cherchant à réparer les dégâts plutôt qu’à prévenir leur apparition. On parle de « développement durable », mais sans remettre en question le modèle de croissance infinie sur lequel repose notre économie.
Cette approche réparatrice est insuffisante. Elle revient à traiter les symptômes sans s’attaquer aux causes profondes.
Pour changer les choses, il faut repenser notre rapport à la nature, à la consommation et à la notion même de progrès. Il ne s’agit pas seulement de préserver l’habitat des ours polaires ou de protéger certaines espèces emblématiques, mais de créer un environnement où tous les êtres vivants, y compris les humains, peuvent s’épanouir. . Nous devons repenser en profondeur notre relation avec la nature.
Réinventer notre relation avec la nature
Je suis convaincue que nous faisons partie intégrante de la nature. Notre existence n’est pas séparée ou supérieure à celle des autres espèces. Ce n’est pas simple présence qui pose problème, mais la manière dont nous interagissons avec notre environnement, guidée par des modèles économiques et sociaux souvent inadaptés.
Pour harmoniser nos relations avec la nature, nous devons avant tout changer nos sociétés. Cela implique de repenser les notions de domination et d’exploitation, non seulement entre les humains, mais aussi envers la nature. Les attitudes de conquête, de contrôle et de profit à court terme ont montré leurs limites et leurs dangers. Il est temps d’adopter une perspective plus holistique, basée sur la coopération, le respect et la compréhension des interconnexions entre tous les éléments de la vie sur Terre.
Vers un futur plus harmonieux
Ma relation avec la nature m’a appris une chose fondamentale : l’être humain ne peut s’épanouir en se coupant de ses racines. Nous faisons partie d’un écosystème global. Il est de notre responsabilité de protéger et de rétablir cet équilibre.
Toutefois, cette transformation nécessite une prise de conscience collective. L’éducation joue un rôle clé dans ce processus. En reconnectant les individus à la nature dès le plus jeune âge, en intégrant des valeurs écologiques dans les programmes scolaires, nous pouvons cultiver une génération plus consciente et respectueuse de l’environnement. Les expériences directes avec la nature, comme celles que j’ai vécues enfant, sont essentielles pour développer un lien avec elle.
Les médias et les technologies peuvent également être des alliés puissants. Ils ont la capacité de sensibiliser, d’informer et d’inspirer des changements de comportement à grande échelle. Cependant, ils doivent être utilisés de manière responsable, en évitant la désinformation et en privilégiant des messages constructifs.
Chacun de nous a un rôle à jouer.
À l’échelle individuelle, nous pouvons adopter des modes de vie plus durables : réduire notre consommation, privilégier des produits locaux et écologiques, limiter notre empreinte carbone, soutenir des initiatives environnementales. Ces actions, bien que modestes, contribuent à créer une dynamique positive.
À l’échelle collective, il est important de soutenir des politiques publiques ambitieuses. Cela peut passer par le vote, la participation à des mouvements citoyens, le soutien à des organisations non gouvernementales ou l’engagement dans des projets communautaires. La mobilisation des citoyens influence souvent la volonté politique, qui est nécessaire pour effectuer des changements structurels.
L’espoir d’un futur harmonieux
Malgré les immenses défis que nous affrontons, je reste optimiste quant à notre capacité à changer. L’histoire montre que l’humanité peut surmonter de grandes épreuves lorsqu’elle s’unit autour d’un objectif commun.. La crise environnementale actuelle peut être l’opportunité de repenser notre manière de vivre, de réinventer nos sociétés pour qu’elles soient plus justes, plus solidaires et plus respectueuses de la nature.
Il ne s’agit pas de retourner à un mode de vie primitif ou de renoncer aux avancées technologiques. Au contraire, il s’agit d’utiliser notre ingéniosité pour créer des solutions innovantes qui répondent aux besoins humains tout en préservant l’équilibre écologique. Les énergies renouvelables, l’agriculture durable, l’économie circulaire sont autant de pistes prometteuses.
Renouer avec notre essence
Ma relation avec la nature a été un fil conducteur tout au long de ma vie. Elle m’a enseigné l’humilité, la gratitude et le respect pour le monde qui nous entoure. Elle m’a également montré que le bonheur ne réside pas dans l’accumulation de biens, mais dans les expériences authentiques, les relations sincères et le sentiment d’appartenir à quelque chose de plus grand que soi.
En renouant avec la nature, nous renouons avec nous-mêmes.
Nous redécouvrons notre place légitime dans le grand réseau de la vie. Il est temps de lever les barrières que nous avons érigées entre nous et notre environnement, de guérir les blessures que nous avons infligées à la Terre et de construire ensemble un avenir où l’harmonie entre l’humain et la nature n’est pas une utopie, mais une réalité tangible.
En fin de compte, la question n’est pas seulement de savoir comment nous pouvons sauver la nature, mais aussi comment la nature peut nous sauver. En écoutant ses enseignements, en respectant ses lois, nous pouvons trouver les solutions dont nous avons besoin pour surmonter les crises actuelles. C’est un voyage de redécouverte, de transformation et d’espoir, un voyage que nous devons entreprendre ensemble.
Fondatrice & Directrice artistique Voyageuse, curieuse, ses inspirations graphiques viennent du bout du monde ou du coin de la rue.