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La vaste arnaque du coton de la filière Better Cotton Initiative (BCI)

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De nombreuses entreprises de fast fashion ont abandonnés le coton bio pour le coton Better Cotton Initiative (BCI).

Je vous explique plus en détails ce revirement de situation! De plus en plus de marques telles que H & M, Okaidi, Puma, Bonobo, ont rejoint le programme de culture Better Cotton Initiative.

Mais au fait Better Coton Initiative c’est quoi ?

L’association BCI a pour but de promouvoir une amélioration sociale et environnementale de la culture du coton. Elle réunit des parties prenantes intervenant sur la filière cotonnière, ainsi que des ONG comme le WWF et des multinationales. Suite à un processus de consultation des acteurs de la filière, la BCI a élaboré un système d’accompagnement. Il ne s’agit pas d’une certification, ni d’un label! Très important! Le coton produit sous la bannière BCI répond à des critères de production, une procédure d’évaluation des exploitations agricoles et un mécanisme de suivi pour mesurer les progrès accomplis.

Jusqu’ici tout à l’air plutôt convaincant! Mais lorsque s’intéresse de plus près au 77 pages du document explicatif, mais pas hyper digeste, qui présente les Principes et les Critères de Production qui constituent la définition générale du Better Cotton la déception est grande!

En effet, derrière les étiquette Conscious, coton responsable, et autres initiatives de marketing ou de green washing, on s’aperçoit que le coton BCI ne provient pas de l’agriculture biologique, ou de quelque chose qui y ressemble.

Dans les positions de principes Better Cotton, les semences génétiquement modifiées sont autorisées. Le programme BCI autorise l’utilisation du coton Bt transgénique.

De plus, le programme Better Coton Initiative ne prévoit aucune prime à l’achat de semences non génétiquement modifiés. Comme c’est le cas pour d’autres labels. En effet, pour aider les paysans dans leurs démarches, certains labels soutiennent financièrement l’achat de semences non OGM.

Ce qu’on retient donc du document qui présente les Principes et les Critères de Production du Better Cotton c’est que pour recevoir la licence pour cultiver du coton BCI, les producteurs doivent d’abord satisfaire à une série d’exigences minimales. Une fois ces dernières complétées, les producteurs sont certifiées. Puis ils sont encouragés à se développer par le biais d’exigences d’amélioration définies. Le respect des standards établi BCI est évalué par les producteurs eux-mêmes! Mais il est tout de même vérifié annuellement par des partenaires de BCI. Enfin, des contrôles ponctuels et aléatoires sont effectués par des auditeurs externes à une fréquence qui n’est pas communiquée.

Ce qui est un peu stupéfiant avec le coton BCI c’est que les critères sociaux ne couvrent pas entièrement certains aspects qui d’après moi centraux, comme le salaire ou le temps de travail.

Également le système d’accompagnement BCI n’exige pas le versement d’un salaire vital pour les travailleurs du secteur. Plus affligeant encore, les mesure prises contre le travail des enfants par exemple ne s’appliquent uniquement pour les agriculteurs, et non sur toute la chaine de production d’un vêtement BCI.

Pire encore sur le plan environnemental le coton de la Better Coton Initiative n’a absolument de bio.

La BCI permet l’utilisation de pesticides, herbicides et d’insecticides tel que l’acéphate, le copper Oxychloride, le pendiméthaline, et autres produits phytosanitaires …

Le coton BCI peut donc être cultivé avec une ribambelle des pesticides.

Le bannissement des produits chimiques ne fait pas partie des exigences minimales. Pour les agriculteurs, produire du coton BCI signifie qu’ils se sont engagés à suivre une formation pour utiliser moins de produits chimique à l’avenir, de façon à minimiser les conséquences négatives des pesticides. Mais il reste tout de même grotesque de revendiquer l’amélioration sanitaire en permettant l’utilisation de produits chimiques.

En revanche, on recommande aux agriculteurs par exemple, de porter des gants, des lunettes, et de quoi se couvrir le visage lors de l’épandage de produits toxiques. Cependant dans la pratique, peu d’agriculteurs qui suivent ce type de recommandations. De plus, ces recommandation sont totalement vaines, si l’on considère l’absence du tout à l’égout dans les villages.  Les familles sont donc en contact direct avec de l’eau insalubre.

Mais le scandale du coton BCI ne s’arête pas là.

Les tee-shirts que l’on vous vends comme plus responsables, ne sont pas réellement produit avec du coton cultivé dans le cadre BCI.

En effet, le système Better Coton Initiative repose sur ce qu’on appelle la balance de masse.

C’est à dire qu’au départ il y a un agriculteur qui s’engage à faire du coton avec moins de pesticides, et moins d’eau et sans faire travailler d’enfants.Voici en gros les fameuses exigences minimales. Ainsi à partir du moment où l’agriculteur prend cet engagement, le coton produit peut vendu sous la bannière Better Coton Initiative. Mais entre le coton cultivé par l’agriculteur et le produit fini il y a un monde! Et c’est là que les choses se corsent.

En effet, quand le coton du fermier Better Coton Initiative arrive à l’entrepôt de filature, il est mélangé aux autres cotons sans distinction.

Dans la comptabilité de l’usine de filature en revanche il y a des unités de coton Better Coton Initiative. Ainsi si l’usine a acheté 100 tonnes de coton BCI elle dispose de 100 unités de coton BCI. Ainsi quand une entreprise commande 100 tonnes de coton BCI, elle reçoit des unités de coton totalement virtuelles.

À l’arrivée dans les produits fabriqués avec du coton BCI, il peut aussi bien y en avoir un peu, beaucoup, intégralement, ou pas du tout. C’est complètement aléatoire.

L’intérêt de la balance de masse pour les entreprises est particulièrement intéressant. Car l’usine qui fabrique les vêtements peut acheter du coton BCI, mais elle n’est pas obligée de se servir du même coton pour faire des pièces « certifiées » BCI.

Contrairement aux autres labels biologiques, qui exigent que pour faire du fil biologique il faut l’entreprise de filature utilise du coton bio, le coton BCI est plus permissif. En effet, pour faire du coton BCI, l’usine peut utiliser n’importe quel coton. En gros cela signifie que dans un tee-shrit certifié BCI, on peut très bien retrouver du coton Ousbek et de la sueur de travailleurs forcés.

C’est pour cela entre autres, que je jugeais que les critères sociaux étaient pas mal permissifs.

De plus, un autre avantage pour les entreprises de filatures,  c’est qu’il est possible de vendre du coton BCI sans même en avoir en stock, tellement le système BCI est déconnecté du produit.

Résultat en seulement quelques années, le coton sourcé en tant que BCI est devenu un des programmes de culture le plus plébiscitée auprès des grandes enseignes de fast-fashion.

Tommy Hilfiger, Burberry, Esprit, Adidas, Nike, American Eagle Outfitters, ASOS, C & A, Ikea, G-Star, H & M,Levi Strauss ont rejoint le système d’accompagnement BCI. Le groupe Inditex, qui détient les marques Zara et Zara Home, Pull and Bear, Massimo Dutti, Bershka, Stradivarius, Oysho et Uterqüe a également rejoint le système d’accompagnement BCI.

Aujourd’hui le coton BCI représente près de 12% du coton mondial.
Sauf que l’envolée du coton BCI, se ferait peut-être au détriment du coton biologique.

En effet, depuis 2010, la production de mondiale de coton biologique a chuté. Avec l’alternative BCI, certaines entreprises ont décidées d’arrêter ou presque leur achat de coton bio. Par exemple Decathlon en 2013, faisait partie de principaux acheteurs mondiaux de coton biologique. Decathlon a pratiquement arrêté le coton Bio, au profit du coton BCI. Pareil pour Puma. Puma a acheté d’importantes quantités de coton biologique pour finalement en 2015 cesser au profit du coton BCI.

Ce revirement de position de la part des grandes entreprises a également des consequences du coté des producteurs de coton.

En effet depuis le succès de BCI certains agriculteurs abandonnent le coton biologique au profit du coton BCI.

Cash investigation dans leur reportage le « Coton l’envers de nos tee shirts ! » est allé à la rencontre d’un producteur de coton appelé Raju Solanki.

Il témoigne du fait qu’il a abandonné l’agriculture de coton biologique au profit du coton BCI. Ainsi, il produit du coton avec des semences génétiquement modifiées. Et utilise un certain nombre d’herbicides. D’ailleurs certains sont même interdits dans les pays occidentaux pour leur toxicité. C’est décevant de constater le retour de agriculteurs vers des produits chimiques dont ils avaient auparavant appris à se passer.

C’est donc ça le progrès avec le coton BCI ?? Le coton BCI est-il entrain de tuer le coton biologique?

Peut-on vraiment prétendre vouloir améliorer la culture du coton conventionnel, avec des plants transgéniques?

Images: Cash investigation « Coton l’envers de nos tee shirts »

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