Dhaka

La photo la plus émouvante de la catastrophe du Rana Plaza

Le 23 avril 2013, des inspecteurs découvrent des fissures dans l’immeuble du Rana Plaza et requièrent l’évacuation et la fermeture de ce dernier.

Les commerces et la banque occupants l’immeuble du Rana Plaza ferment immédiatement. Cependant, les ouvriers et ouvrières des ateliers de confection, sous la menace de voir leur salaire retenu ou de se faire carrément congédier, se voient obliger à reprendre le travail.

Le 24 avril 2013, à 9h00, le bâtiment du Rana Plaza s’effondre complètement, causant 1 133 morts et 2 500 blessés.

Juste avant le drame, des milliers de travailleurs, pour la grande majorité des femmes, avaient été contraints par leur direction de reprendre leur poste pour honorer les commandes d’entreprises multinationales de l’habillement. Les ateliers de confection produisaient des vêtements pour ,entre autres, les marques : Mango, Benetton, The Children’s Place, Joe Fresh et Primark.

rana-plaza-bangladesh-Taslima-Akhter-a-final-embrace

25 avril 2013. Deux victimes dans les décombres d’une usine de vêtements à Savar, près de Dhaka, au Bangladesh.

De nombreuses et très puissantes photographies ont été prises à la suite de l’effondrement de l’usine de confection de vêtements située à Savar, dans la périphérie de Dhaka, au Bangladesh.

Mais une photo, prise par la photographe bangladaise Taslima Akhter, m’est apparue comme étant la plus marquante et la plus déchirante. C’est lors de ma visite annuelle au World Press Photo de Montréal que j’ai découvert ce cliché. Et c’est aussi face à ce cliché que j’ai pris la décision de changer ma façon de consommer.

Il capture le chagrin d’un pays entier en une seule image.

Shahidul Alam, photographe bangladais, écrivain et fondateur de Pathshala, l’Institut de photographie de l’Asie du Sud, a déclaré à propos de cette photo :  » Cette image, bien que profondément troublante, est aussi d’une beauté obsédante. Une accolade au moment de mourrir. La tendresse qui se dégage de cette photo s’élève au-dessus des décombres pour nous toucher là où nous sommes les plus vulnérables. »

À propos de cette photo Taslima Akhter à déclaré  » J’ai passé toute la journée sur les lieux de l’effondrement de l’immeuble, regardant les ouvriers du textile qui étaient secourus des décombres. Vers 2 heures du matin, j’ai trouvé un couple qui s’enlaçait dans les décombres. Les parties inférieures de leurs corps ont été enterrées sous le béton. Le sang des yeux de l’homme coulait comme une larme. Quand j’ai vu le couple, je n’en croyais pas mes yeux. J’avais l’impression de les connaître. »

Quant à moi, à chaque fois que je regarde cette photo, je me sens mal à l’aise.

Contrecoup d’une industrie impitoyable et avide de profits, ce désastre est le résultat de mon mode de consommation. Oui, je suis la première à faire la chasse au petits prix et aux bonnes affaires. Sans me préoccuper de ce que ça engendre.

Cette photo m’a réellement fait prendre conscience de l’impact de ma consommation. Et face à cette photo, je me suis promise de changer ma façon de consommer la mode. Je me suis également promise de changer mon rapport au vêtement et la valeur que j’accorde à chacune des pièces qui compose notre garde-robe. Aussi belles soient-elles, toute chemise ou tendance nous semblent trop chère payées lorsqu’elles génèrent de la misère et contribuent à polluer notre planète.

Cette photo me hante tout le temps, à chaque fois que j’ai envie de re-craquer pour une petite pièce par chère, l’image de ces personnes me revient en tête.

C’est comme s’ils me disaient: « nous ne sommes pas seulement une catastrophe historique avec un nombre de morts record ». Cette photo pour moi est très symbolique. Car au de la de la mort de milliers d’ouvriers, on voit des êtres humains. Comme vous et moi, avec des sentiments et des rêves. Pour moi cette photo ré-humanise la catastrophe. Le rana plaza n’est pas qu’un simple chiffre et qu’un nombre de morts. Le rana plaza ce sont des êtres humains. Comme vous et moi. Avec des sentiments. Et avec des rêves.

Plus une mode plus durable et plus éthique... Un long chemin reste à parcourir.

De nombreux travailleurs de l’habillement à travers le monde, y compris les enfants, travaillent encore dans des conditions déplorables. Les rivières et les ruisseaux sont étouffés par des polluants qui menacent la vie en raison de la production de la mode rapide. Nous devons faire mieux ! Demandez la transparence de vos marques, faites vos recherches.

VOUS AVEZ LE POUVOIR DE CHANGER LA MODE !

FASHION REVOLUTION incite ceux qui aiment et consomment la mode à se demander qui a fait leurs vêtements, à imaginer le chemin qu’ils ont suivi depuis le cultivateur de la matière première, jusqu’au confectionneur et au distributeur en passant par le filateur, le tisseur et l’ennoblisseur. Et à poser la question à leurs marques préférées via les réseaux sociaux #whomademyclothes

Même si mes efforts sont minimes comparé aux dégâts des géants de l’industrie textile… Ils ont leur importance. Et c’est à force d’informer les gens que les choses changeront!